Il est souvent répété qu’il ne faut pas juger un vin à son étiquette, mais en réalité cette première impression est essentielle et inévitable. L’étiquette d’un vin est bien plus qu’une information générique sur le contenu de la bouteille en question, elle constitue le premier élément de communication entre le vigneron et le buveur potentiel - du moins si on fait abstraction des restaurants, où c’est la carte de vins qui joue ce rôle. Elle est déterminante non seulement comme outil de marketing, mais également comme une véritable oeuvre (artistique?) comme pour les vins du domaine Sept au Liban, mais aussi la cuvée iconique MAGMA de Frank Cornellissen, ou chaque bouteille est peinte à la main.
Dans un seul geste visuel, l’étiquette doit encapsuler l’âme du vin, éveiller la curiosité, attirer l’oeil et persuader le buveur de se lancer dans l’aventure qui se trouve embouteillée.
Les étiquettes avec leurs typographies, leurs images et leurs couleurs fonctionnent comme des points visuels entre le vigneron et son dégustateur. Elles peuvent être des indices sur le style, le contenu du vin, mais évoquent aussi par la citation des appellations certaines attentes. Elles peuvent susciter l’émotion, même provoquer un débat ou simplement offrir du réconfort, en laissant le buveur futur évoquer des sensations déjà plus ou moins connues et ceci souvent avant la première goutte ingurgitée.
Une étiquette bien conçue peut même ancrer un vin dans l’esprit collectif, le rendant immédiatement reconnaissable et souvent emblématique (qui ne reconnaîtrait pas une bouteille de la Romanée-Conti ou de La Grange des Pères au premier coup d’oeil).
Au fil des années, certaines étiquettes ont transcendé leur rôle initial pour devenir de véritables icônes culturelles ( comme Mouton-Rothschild par exemple ). Elles sont devenues indissociables des bouteilles qu’elles habillent, façonnant notre perception et notre expérience de ces vins.